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Accompagner l’enfant à risque de surcharge sensorielle en CPE

Décembre 2023

Accompagner l’enfant à risque de surcharge sensorielle en CPE

Saviez-vous qu’un enfant présentant des difficultés de modulation sensorielle, plus particulièrement avec un profil d’hyperréactivité sensorielle, peut, par l’effet cumulatif de plusieurs petits irritants sensoriels, tomber en état de « surcharge » ? Ainsi pourra-t-il, à un moment où on ne s’y attend pas particulièrement, faire une crise ou se désorganiser. Un peu à la manière de la goutte d’eau qui fait déborder le vase, un événement d’apparence anodin déclenchera la tempête!

Ceci est particulièrement vrai pendant la période des Fêtes où la routine quotidienne du CPE peut se voir quelque peu chamboulée par une foule d’activités spéciales : visite du Père Noël, bricolages originaux qui deviendront un cadeau pour papa/maman, chansons ou spectacles de Noël, chasse aux lutins, etc. Ces activités, en principe agréables, comprennent également leur lot de stresseurs d’un point de vue sensoriel… C’est pourquoi une attention toute particulière devra être accordée à nos « hyperréactifs ».

Quelques stratégies gagnantes pour nos enfants « à risque » :

Agir en amont (avant l’activité) :

  • Évitez de surcharger l’horaire et assurez-vous que les enfants ont des périodes de tranquillité dans la journée. Répartissez sur plusieurs jours les activités spéciales liées à la période des Fêtes ;
  • Assurez-vous que les enfants fassent, malgré tout, de bonnes siestes. Un cerveau reposé est un cerveau qui fonctionne mieux ;
  • Gardez une certaine routine malgré les activités spéciales, car celle-ci est rassurante et organisante.
  • Avertissez à l’avance des changements à l’horaire en préparant les enfants aux activités spéciales, en les mettant à l’horaire visuel.

Agir en prévention (pendant l’activité) :

Lorsque vous anticipez qu’une activité pourrait représenter un défi sensoriel pour un enfant, plusieurs moyens sont à votre disposition pour l’aider à se réguler. Par exemple :

  • Gardez l’enfant à proximité : votre seule présence pourra être apaisante. Ainsi pourrait-il s’asseoir sur vous pendant une causerie ou un petit rassemblement.
  • Offrez-lui une peluche lestée à poser sur lui : sa lourdeur pourra avoir un effet calmant.
  • Offrez-lui un objet de manipulation qu’il apprécie pour occuper ses mains.
  • Utilisez la proprioception via des pressions profondes (effet calmant) sur une base régulière :
  • Appuyez fermement sur ses épaules avec vos mains en appliquant une pression vers le sol pendant quelques secondes. Relâchez. Recommencez.
  • Demandez-lui de pousser avec ses paumes contre les vôtres, les bras tendus ;
  • Faites-lui un câlin fort et englobant.
  • Prévoyez un placement préférentiel, afin de s’assurer que l’enfant ait son espace, qu’il ne se fasse pas bousculer ou accrocher par les autres :
  • Le mettre en bout de table, ou sur une petite table à 2 ou individuelle lors du repas ou d’un bricolage.
  • Lui permettre d’être le chef de train ou, au contraire, de fermer ce dernier, lors d’un déplacement.
  • Pendant la causerie ou un rassemblement, délimiter son espace avec un cerceau au sol, un repère avec du ruban coloré ou un petit coussin.
  • Au vestiaire, lui permettre de s’habiller un peu à part, ou du moins, l’installer en bout de rangée.
  • Si le contexte s’y prête, et avec l’accord des parents, proposez-lui, pendant une courte période, le port de coquilles insonorisantes pour atténuer les bruits.
  • Lorsque possible, tamisez l’éclairage et modulez votre ton de voix.
  • Pendant l’activité, offrez-lui, au besoin, un temps d’arrêt où il pourrait se retirer pour avoir une pause de stimuli, permettant ainsi à son énergie de redescendre.
  • Faites-lui prendre 5 grandes respirations profondes avec vous. Guidez-le.

Réagir (s’il y a une surcharge)

Il n’est évidemment souhaitable pour personne de se rendre au stade de la surcharge, car il est alors plus difficile de faire « redescendre » l’enfant qui est sorti de sa zone de confort sensoriel. Mais, si cela survient, il faut garder en tête qu’une pause de stimuli sensoriels s’impose, et qu’il n’est plus nécessairement le temps de parler. Comme à l’étape de « prévenir », vous voudrez permettre à l’enfant de se retirer dans un coin calme et lui laisser le temps de s’apaiser. Selon le cas, peut-être pourrez-vous utiliser la proprioception via les pressions profondes. Vous devrez alors vous laisser guider par ses réactions.

Dans tous les cas, vous devez vous assurer d’être vous-mêmes bien régulés. En effet, si vous vous sentez aussi en surcharge, il vous sera beaucoup plus difficile de bien accompagner l’enfant. Votre attitude (gestes, ton de voix, débit) aura assurément un effet sur l’enfant et influencera votre capacité à l’aider, c’est ce qu’on pourrait appeler, la co-régulation!

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec nous !

Références :

Côté S. (2016), Favoriser l’attention par des stratégies sensorielles : outils et exercices pour aider tous les élèves, Chenelière Éducation, Montréal.

Document : « Comprendre l’intégration sensorielle » (2013) produit par l’IRDPQ.

Blog de Josiane Caron Santha (consulté le 7 décembre 2023) :
https://www.josianecaronsantha.com/blog/le-3-types-de-troubles-de-la-moduation-sensorielle

Mariann St-Hilaire

Ergothérapeute depuis 2002 elle dédie sa pratique aux enfants depuis ses débuts. Elle pratique en milieu clinique, dans les écoles et les CPE. Elle a développé une expertise au niveau de la sélectivité alimentaire en plus de sa pratique régulière (difficultés motrices et sensorielles). Récemment, elle a créé un programme d'activité pour favoriser l'interaction entre les enfants d'un CPE et une clientèle de personnes âgées. Mariann participe à la publication des Ergotrucs depuis plus de 10 ans.