INFOLETTRE - Mai 2021
Le trouble développemental de la coordination
Vous avez peut-être déjà entendu parler de la dyspraxie ou encore du trouble d’acquisition de la coordination (TAC)? Ce sont des termes qui ont été utilisés et qui le sont parfois encore pour décrire ce qui est maintenant appelé le trouble développemental de la coordination ou TDC. Mais en fait qu’est-ce que le TDC? Il s’agit d’un retard dans l’apprentissage moteur et dans la coordination des mouvements par rapport aux enfants du même âge, ce que nous appelons aussi, les habiletés praxiques. À noter qu’un enfant peut présenter des fragilités en ce qui a trait aux praxies (organisation et coordination des gestes) sans nécessairement avoir un diagnostic de TDC.
Comment se manifeste le TDC chez les enfants?
Bien que le profil varie beaucoup d’un enfant à l’autre, en général, un enfant ayant un TDC est plutôt maladroit. Il aura tendance, par exemple, à se heurter sur les objets dans son environnement, tomber plus fréquemment, échapper souvent ses ustensiles et avoir tendance à se salir plus que les autres enfants lors des différentes activités. Ceci s’explique par une difficulté dans l’organisation, la séquence et l’automatisation des gestes dans les activités du quotidien, et ce, même dans une activité répétée, connue (par exemple le lavage de mains). C’est un peu comme si l’enfant doit réapprendre la tâche chaque fois qu’il la complète. Il aura donc besoin de plus de temps pour l’acquisition des grandes étapes de la motricité, telles que la marche, monter/descendre les escaliers, apprendre le vélo, apprendre à dessiner et découper. Aussi, comme chaque jeu, l’activité lui demande de plus grands efforts, l’enfant se fatiguera plus rapidement que ses pairs.
Le TDC a un impact en ce qui a trait au développement de l’autonomie puisque la manipulation des objets (boutons, fermetures éclair, lacets, brosse à dents, élastiques et barrettes pour les cheveux, ustensiles de cuisine, etc.) est ardue. Les routines du matin et du soir peuvent alors présenter de grands défis pour la famille.
Certaines difficultés deviennent plus apparentes lors de la rentrée à l’école. Le maintien de la posture adéquate pour le travail, la prise du crayon, le découpage, l’apprentissage de l’écriture ainsi que la participation aux jeux et activités sportives (jeux de balles et ballons, courses, patinage/hockey, les cours d’éducation physique, etc.) deviennent de grands défis pour eux, malgré toute l’énergie qu’ils y mettent. Il arrive aussi que ces enfants peinent à suivre et intégrer les routines de la classe ainsi que les moments de transitions (arrivée et départ, récréation, déplacements dans l’école).
Bien sûr, l’enfant peut réagir émotionnellement de manière plus ou moins marquée aux difficultés qu’il vit au quotidien. Certains tenteront d’éviter les activités qui leur demandent beaucoup d’efforts. Cela pourra ressembler à de l’opposition. D’autres amplifieront leur maladresse pour aller chercher leur validation en faisant rire la galerie, alors que certains réagiront fortement à l’échec, se dévaloriseront et auront une estime d’eux-mêmes beaucoup plus fragile.
Quand dois-je consulter?
Il est bien évident que chaque enfant a des forces et des défis. Personne n’excelle dans toutes les sphères du quotidien. Toutefois, si vous reconnaissez votre enfant dans cette description et que les difficultés sont vécues dans plusieurs contextes (autonomie, académique, loisirs, les routines), il est bénéfique d’intervenir le plus rapidement possible. Plus les interventions débutent tôt, plus votre enfant sera supporté dans ses apprentissages, moins il y aura d’impacts dans son quotidien et plus il pourra développer une confiance en lui-même.
Vers quelle ressource se diriger?
Une évaluation en ergothérapie est de mise afin de bien évaluer la motricité de l’enfant et l’impact dans son quotidien (à la maison, à l’école, dans ses loisirs ainsi qu’en ce qui a trait à son bien-être émotionnel). À la suite de l’évaluation en ergothérapie, le diagnostic devra être confirmé soit par le médecin traitant de l’enfant, soit son pédiatre ou encore par un neuropsychologue. À noter que si un TDC est posé, l’enfant est admissible aux services du réseau public dans le CISSS de sa région et que le rapport de l’ergothérapeute est alors demandé, même obligatoire. Même si la conclusion de l’évaluation en ergothérapie ne mène pas nécessairement à un profil de TDC, les fragilités demeurent les mêmes et l’ergothérapeute sera en mesure de vous accompagner afin de soutenir votre enfant dans ses défis.