Bien que nous en ayons maintes fois discuté à travers les « Infolettres » et « Ergotruc » précédents, nous aborderons encore une fois l’un de nos sujets de prédilection comme ergothérapeutes œuvrant auprès des enfants : l’intégration sensorielle.

En effet, des difficultés avec la gestion des stimuli sensoriels au quotidien peuvent avoir un impact tellement important sur la disponibilité, l’engagement et la participation d’un enfant à travers ses occupations, qu’il est essentiel de s’y attarder.

Le processus d’intégration sensorielle se traduit ainsi :

• Nos sens perçoivent et transmettent les informations sensorielles au cerveau.
• Notre cerveau analyse et traite ces informations.
• Il envoie ensuite des signaux permettant à notre corps d’y réagir de façon appropriée.

Comme nos sens et notre cerveau sont constamment bombardés d’informations sensorielles, un important processus doit se mettre en branle, soit celui de modulation sensorielle par lequel le cerveau filtre et priorise les informations sensorielles pertinentes et essentielles à la survie et au bon fonctionnement dans le moment présent, tout en inhibant les autres.

Par exemple, Justin attend patiemment en rang au centre commercial pour prendre sa traditionnelle photo avec le Père Noël. Bien qu’il ait hâte à son tour, il réussit à demeurer calme, serrant la main de maman et observant les magnifiques décorations installées un peu partout. De temps en temps, il se dandine un peu, au son des mélodies de Noël entendues. Lorsque le lutin lui fait signe, il s’avance enfin doucement vers le Père Noël, tout sourire. Justin présente une bonne modulation sensorielle.

Ce n’est pas nécessairement le cas pour Simone, qui attend aussi pour voir le Père Noël depuis un bon moment déjà. Elle a chaud sous son gros manteau, même s’il n’est pas attaché. Ses collants lui piquent la peau, mais elle voulait tellement se mettre belle pour la photo ! Les lumières vives des différentes décorations qui clignotent commencent à lui fatiguer les yeux. En plus, elle réprime une envie de se boucher les oreilles : la musique qui joue, les pleurs du bébé dans la poussette juste derrière, les cris des enfants qui se taquinent autour d’elle, ça commence à être trop. En plus, ça fait 2 fois qu’elle se fait accrocher par inadvertance par les autres personnes dans la file. Elle n’est pas certaine de bien comprendre ce qui se passe en elle, mais elle sent son petit volcan intérieur sur le point d’exploser…

Simone présente des difficultés de modulation sensorielle qui se traduisent par une tendance à l’hyperréactivité sensorielle faisant en sorte que son cerveau ne filtre pas assez les informations sensorielles. Il réagit trop à des stimuli qu’il interprète comme menaçants et agressants, alors qu’ils sont souvent perçus comme étant anodins par les autres. Cela fait en sorte que Simone sort facilement de sa zone de confort sensoriel, ce qui occasionne parfois des réactions fortes de sa part, et ce, tant physiques qu’émotives. Simone vit souvent un état de « surcharge sensorielle » et a besoin d’aide pour se réguler, c’est-à-dire pour se ramener dans sa zone de confort en cas de trop-plein.

Inutile de mentionner que pour Simone, la période des Fêtes, bien qu’appréciée, amène son lot de défis sensoriels. Pensons seulement aux changements dans la routine, aux activités spéciales, aux rassemblements familiaux, aux soirées qui s’étirent, aux sucreries, au manque de sommeil… tous des éléments susceptibles de fragiliser un équilibre parfois précaire. C’est classique et ses parents s’y attendent : il y aura plus de chicanes, de crises et de pleurs dans les prochains jours. Mais alors, comment l’aider ? Comment prévenir la surcharge, le trop-plein ?

L’ergothérapeute qui travaille avec une approche d’intégration sensorielle peut accompagner Simone, de même que ses parents, dans une meilleure compréhension de son profil sensoriel. Ensemble, ils pourront identifier des moyens concrets à appliquer au quotidien permettant une meilleure régulation sensorielle, afin qu’elle puisse demeurer dans sa zone de confort sensoriel tout au long de la journée, et ainsi être mieux disposée à s’engager dans ses activités quotidiennes et à interagir avec les autres.

Aussi, si vous souhaitez en apprendre davantage sur des pistes à envisager pour composer avec ces enfants hyperréactifs, vous êtes invités à lire nos « Ergotruc » de décembre qui pourront vous pister sur quelques stratégies gagnantes pour accompagner un enfant à risque de surcharge sensorielle et ce, que vous soyez parents (Ergotruc Maison), enseignant.e (Ergotruc École) ou éducateur.trice (Ergotruc CPE).

Bonne lecture et joyeux temps des Fêtes !