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La posture assise à la table

INFOLETTRE 5 ans+ - Novembre 2024

La posture assise à la table

Maintenir une bonne posture assise, c’est tout un défi, autant pour les adultes que les enfants… Alors, vaut-il la peine de livrer bataille ? Oui ! Mais il faut choisir quand ! En fait, une bonne posture assise est requise principalement à l’écriture en raison de l’impact que cela peut avoir sur la qualité des ajustements posturaux possibles pendant cette tâche complexe.

La posture assise à la table :

Il faut s’assurer de plusieurs principaux aspects :

Appui des pieds au sol :

  • Pourquoi ? Cela permet d’offrir le point de stabilité nécessaire aux subtils ajustements posturaux que l’on fait lorsqu’on écrit et que notre bras se déplace sur le pupitre.
  • Que faire ? Si l’élève ne touche pas le sol, voir s’il est possible de changer la chaise pour un modèle moins haut. On peut aussi lui fournir un appui-pied acheté ou de fabrication maison (boîte à chaussures, bottin téléphonique… recouvert d’antidérapant).

Hauteur du pupitre à environ 2 pouces au-dessus du pli du coude :

  • Pourquoi ? Si le pupitre est plus bas, l’enfant devra se pencher de façon excessive et aura alors le dos arrondi. Il risque de s’asseoir sur une jambe pour se surélever. S’il est trop haut, l’enfant aura les épaules surélevées et développera de la fatigue et de la douleur à ce niveau. Il doit pouvoir maintenir un appui des avant-bras sur le pupitre de façon confortable.
  • Que faire ? Ajuster la hauteur du pupitre (la plupart sont ajustables) ou faire un échange avec un autre élève… Changer la chaise (plus haute ou plus basse) ou ajouter un coussin pour surélever l’élève, tout en s’assurant qu’il garde son appui des pieds au sol.

Autres éléments à considérer :

  • L’enfant devrait avoir les chevilles, les genoux et les hanches à 90 degrés.
  • Il ne faut pas mettre l’emphase sur l’appui du dos sur la chaise lorsque l’enfant est assis à la table. Le mobilier scolaire étant souvent peu ajusté aux dimensions de l’enfant le fait d’insister l’enfant à appuyer le dos sur la chaise peut nuire aux autres aspects d’une bonne posture assise. Une bonne ergonomie à la chaise comprend un support au niveau lombaire ce qui est rarement possible dans le contexte scolaire. De plus, lorsque le haut du dos est appuyé, cela entraîne souvent un relâchement des muscles posturaux. Quand les muscles du tronc ne travaillent plus, le dos s’arrondit, et l’épaule devient moins stable, ce qui peut impacter la manière dont l’enfant tient son crayon.
  • Pendant l’écriture, il est donc essentiel que la zone autour des omoplates ait une certaine liberté de mouvement. En effet, si l’enfant s’appuie sur le dossier de sa chaise, cela peut également limiter les petits mouvements de son omoplate, en particulier lorsqu’il éloigne son bras pour écrire en haut de la feuille. De plus, si son haut du corps est bloqué et que la feuille est bien centrée, il aura du mal à croiser la ligne médiane, ce qui nécessite de faire pivoter le tronc et de lever légèrement l’omoplate pour écrire sur le côté opposé de la feuille.

Il pourrait donc être intéressant de vous assurer que, tout en composant avec les ressources disponibles, vous pouvez donner à chacun de vos élèves le bureau et la chaise répondant le mieux à ces critères, et plus spécialement pour ceux qui sont en difficulté. En effet, un enfant qui doit dépenser beaucoup d’énergie pour rester bien assis (dos rond, appui de la tête sur la main, changements fréquents de position, etc.) a moins d’énergie disponible pour se centrer sur ses apprentissages, situation fréquente chez les enfants avec un tonus musculaire plus bas. On peut alors tolérer une posture moins optimale lors des périodes d’enseignement et insister davantage sur la posture pendant les tâches d’écriture par exemple.

L’important est de comprendre le message suivant :

Si le poste de travail de l’enfant n’est pas adapté, on peut s’attendre à voir certains comportements chez les enfants dont le développement postural est immature. Cela peut inclure le fait de gigoter sur la chaise, avoir une perte d’intérêt pour les activités d’écriture et une écriture moins lisible sur de longues périodes, en raison de la fatigue accumulée liée à une posture instable.

Alternatives à la posture assise à la table :

Petite mise en situation :

Jérémy est en 2e année. Il bouge beaucoup sur sa chaise. Il a de la difficulté à apprendre ses mots de vocabulaire. Pour l’aider, on peut penser à varier les positions de travail : lui permettre de travailler debout à la table, de lire avec la position couchée sur le ventre, etc. Les mots peuvent être mémorisés de façon active et avec plus d’entrants sensoriels pour faciliter l’encodage: les épeler à voix haute debout ou en sautant sur place ou sur un petit trampoline, les écrire en gros sur un tableau vert ou blanc, etc.

Ce qu’il faut retenir :

  • En dehors des tâches de graphisme, on peut réduire nos exigences, particulièrement chez les enfants qui présentent un tonus musculaire plus bas. En effet, dans un cas semblable, ils risquent de dépenser beaucoup d’énergie à rester droit, tel qu’exigé ce qui les rendent alors moins disponibles aux autres apprentissages (ex. : pour vous écouter !). Tant que l’on sent que l’enfant adopte une position alternative favorable à l’écoute et/ou à la …réalisation de la tâche demandée, on peut le laisser faire.
  • D’une façon générale, le maintien d’une posture statique prolongée n’est pas recommandé chez l’ensemble des élèves. Tant que la position de l’enfant semble favorable à l’écoute et/ou à la réalisation de la tâche demandée, on doit le laisser faire. En effet, la posture statique prolongée cause de l’inconfort et de la fatigue inutile. Le corps humain est conçu pour bouger et a besoin de ce mouvement. Il supporte très mal l’immobilité prolongée.

Qu’en est-il des différentes assises?

Une multitude d’assises sont disponibles à votre disposition et peuvent aider certains enfants à mieux tolérer la position assise.

Voici quelques-unes des plus communes :

Les coussins de positionnement :

  • Le « Disc’O’Sit » : permet du mouvement en position assise. Il est important de ne pas trop le gonfler puisque cela peut causer des déséquilibres.
  • Le « Movin’ Sit » : il ressemble beaucoup à l’assise d’avant, mais il est en angle. À privilégier lorsque l’enfant se couche beaucoup sur son bureau, car il améliore le support de la colonne vertébrale.

Le ballon-chaise :

  • Idéalement, le ballon-chaise doit avoir une base stable, soit un socle ou de petites pattes, ce qui évite qu’il roule dans la classe lorsque l’enfant se lève. On l’utilise pour la même raison que le « Disc’O’Sit ».

Le tabouret oscillant :

  • Il offre du mouvement ou de la stabilité selon le besoin de l’enfant à différents moments de la journée. Offert en différentes grandeurs.

La tablette surf :

  • Ce poste de travail portatif permet d’être assis au sol tout en ayant un bon appui des avant-bras pour travailler.

Pour savoir si l’assise alternative est adéquate, il faut se référer à ces points-ci :

  • L’attention et la disponibilité aux apprentissages sont améliorées par l’outil.
  • L’enfant semble à l’aise, il n’est pas en position couchée sur son pupitre.
  • L’enfant n’est pas constamment en train de revoir sa position, ce qui est un signe d’inconfort, mais également de fatigue.

L’alternance des différentes positions peut donc être une solution à envisager. En effet, plusieurs des outils énumérés plus haut activent les muscles du tronc. Si on observe un effet bénéfique, après un certain temps, cela peut entraîner une fatigue. Il est donc possible que l’assise soit adéquate pour l’élève, mais pour une période limitée dans le temps.

Quand faut-il consulter en ergothérapie?
  • Lorsqu’un enfant présente un faible contrôle postural et qu’il tolère pendant peu de temps la posture assise à la table.
  • Que l’enfant semble souvent inattentif ou dans la lune malgré une bonne posture assise à la table.
  • L’enfant travaille près de la feuille, appuie sa tête dans sa main ou sur son avant-bras et se plaint de fatigue.
  • Difficile de rester assis plus que quelques minutes lors des périodes de travail. En général, on attend à ce qu’un enfant soit en mesure de rester assis à la table selon la règle suivante : 2 à 5 minutes par année de vie. Un enfant de 5 ans serait donc en mesure de rester assis pour une période entre 10 à 25 minutes.

Maude Sévigny

Maude Sévigny est ergothérapeute à la clinique de Québec.