Le rôle de l’éducatrice à la petite enfance dans la prévention et l’instauration de saines habitudes numériques

Dans notre ère numérique, il est indéniable que les écrans font partie intégrante de notre quotidien. Cependant, il est essentiel de rappeler que les jeunes enfants n’ont pas besoin d’une exposition précoce aux médias numériques pour apprendre et s’épanouir. En fait, une surconsommation d’écrans peut les priver d’opportunités d’apprentissage précieuses. De plus, il est établi que les tout-petits apprennent mieux en étant en interaction avec le «monde réel».

Ainsi, la petite enfance est une période déterminante pour établir des habitudes numériques saines au sein des familles et prévenir une utilisation problématique des écrans. C’est ici que le rôle des éducatrices à la petite enfance peut devenir important. En effet, de par leur formation et expérience, et parce qu’elles côtoient quotidiennement les enfants, elles peuvent offrir un soutien précieux aux familles et sont idéalement placées pour sensibiliser et conseiller les parents sur les enjeux liés à l’utilisation des écrans. 

Recommandations pour les parents

Voici quelques recommandations que les éducatrices peuvent transmettre aux parents pour favoriser une utilisation équilibrée des écrans :

1. **Limiter le temps d’écran** : Il est crucial de rappeler aux parents qu’avant 2 ans, l’enfant a besoin de vivre des expériences concrètes. Les écrans n’apportent aucune plus-value. Entre 2 et 5 ans, il est préférable de réduire au maximum le temps d’écran : 60 minutes étant la limite recommandée – et non l’objectif à atteindre !
2. **Utiliser les écrans de manière positive** : Tous les contenus numériques ne se valent pas. Encouragez les parents à privilégier des programmes éducatifs et à partager ces moments avec leurs enfants. Parler de ce qui a été visionné peut enrichir l’expérience et favoriser l’apprentissage.
   **Organiser l’espace numérique** : Il est conseillé de ranger les appareils électroniques lorsqu’ils ne sont pas utilisés (et d’éteindre la télévision), de les éviter lors des repas et de ne pas les autoriser dans la chambre à coucher. Cela aide à instaurer une routine saine.
3. **Respecter le sommeil** : Éviter l’utilisation des écrans 2 à 3 heures avant le coucher est essentiel pour ne pas perturber le sommeil de l’enfant (et de l’adulte). Une bonne hygiène de sommeil est cruciale pour le développement.
4. **Éviter le piège de la facilité** : Pour les parents souvent débordés, il peut être tentant de laisser son enfant devant un écran pour obtenir un moment de répit. L’éducatrice peut aider à explorer des alternatives créatives qui encouragent d’autres réflexes. Connaître les intérêts de l’enfant permet de faire des suggestions pertinentes.

Suggestions d’activités alternatives

Voici quelques pistes d’activités à proposer aux parents pour remplacer le temps d’écran :

1. Pendant la préparation du souper :

Impliquer l’enfant : Confier de petites tâches à l’enfant (mettre la table, laver des légumes, mélanger les ingrédients) renforce son sentiment d’appartenance et d’accomplissement. Utiliser une tour d’apprentissage ou un petit banc d’appoint peut faciliter sa participation.
Activités calmes : Proposer des activités telles que le coloriage, la pâte à modeler ou un jeu de blocs à proximité de l’adulte permet à l’enfant de rester engagé tout en participant à la vie familiale.
Collation santé : Offrir une collation saine peut aider à patienter sans compromettre l’appétit pour le repas principal.
Moments partagés : Lorsque cela est possible, un parent peut passer du temps avec l’enfant pendant que l’autre cuisine, favorisant ainsi des interactions de qualité, un moment privilégié avec ce dernier.

2. Dans l’auto :

• Musique et comptines : Écouter des chansons appréciées de tous ou des livres audio peut transformer un trajet en une expérience agréable et éducative.
• Jeux d’observation : Proposer des jeux d’observation ou des devinettes adaptés à l’âge rend le voyage plus interactif et stimulant.
• Livres à regarder : Offrir des livres d’images ou des « cherche et trouve » peut captiver l’attention de l’enfant, à condition qu’il ne souffre pas du mal des transports.
• Dessin créatif : Permettre à l’enfant de dessiner sur une tablette magnétique peut offrir une alternative amusante sans recourir à un écran.

3. À l’épicerie :

• Interaction avec les aliments : Selon l’âge de l’enfant, nommer les aliments dans le panier, localiser des articles sur les étagères ou lui permettre de choisir certains produits peut transformer une corvée en une activité d’apprentissage.

4. Dans un moment d’attente (ex. : avant un rendez-vous) :

• Modèle de comportement : Montrer l’exemple en rangeant son propre téléphone peut prévenir des demandes de l’enfant pour avoir accès à un écran.
• Activités de substitution : Offrir un livre, un petit cahier d’activités ou des figurines peut occuper l’enfant de manière constructive.
• Jeux d’observation : Proposer des jeux d’observation ou des devinettes peut rendre l’attente plus agréable.
• Défis moteurs : Si l’environnement le permet, proposer des défis moteurs simples (sauter d’une tuile de plancher à l’autre, tourner autour de la table, marcher à reculons) peut être à la fois amusant et bénéfique.

En tant qu’éducatrices à la petite enfance, vous avez un rôle essentiel dans l’éducation des enfants et le soutien aux familles. En sensibilisant les parents à l’importance de limiter l’exposition aux écrans et en leur proposant des alternatives enrichissantes, vous contribuez à créer un environnement propice à l’apprentissage et au développement des enfants. Ensemble, nous pouvons favoriser des habitudes numériques saines qui bénéficieront aux générations futures.