INFOLETTRE - Septembre 2022
Le point sur les coquilles anti-bruit
Depuis quelques années, les coquilles antibruits sont un outil de plus en plus prisé par les parents et intervenants pour les enfants qui présentent de fortes intolérances aux bruits ou encore peinent à se concentrer dans des contextes bruyants. Une solution à priori simple, immédiate, et oh, combien efficace!
À qui peuvent bénéficier les coquilles antibruit?
Les enfants hyperréactifs…
Certains enfants présentent ce qu’on appelle une hyperréactivité auditive. Cette hyperréactivité les amène à être plus facilement agressés ou dérangés par des bruits de l’environnement qui ne seront même pas remarqués par la moyenne des gens. Chez ces enfants, l’exposition aux bruits entraîne un changement dans l’état d’éveil de la personne et la réponse émotionnelle (pleurs, fuite, agitation, hyperactivité physique, etc.) Cette hyperréactivité auditive est souvent vue au sein d’un profil plus large d’hyperréactivité sensorielle.
Or cette difficulté ne découle pas d’un défaut au niveau de l’oreille en tant que telle, mais plutôt d’un processus déficitaire de filtration et interprétation des informations reçues au niveau du cerveau.
Le brouhaha de la classe ou du local de la garderie peut donc facilement les rendre à fleur de peau ! Ces enfants peuvent donc bénéficier d’un outil comme les coquilles antibruit, à des moments ciblés de leur journée, dans l’optique de diminuer leur inconfort au quotidien. À noter, toutefois, qu’il ne s’agit que d’une intervention possible parmi tant d’autres.
Les enfants ayant un TDAH
Ces enfants se retrouvent continuellement distraits et fonctionnent difficilement dans des contextes bruyants. Bien que la médication demeure l’intervention privilégiée pour améliorer l’attention, l’emploi de stratégies conjointes, qui peut inclure le port de coquilles antibruit dans des contextes ciblés, peut également être tenté.
Le saviez-vous ?
L’ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) a fait une publication mettant en garde contre l’emploi à grande échelle des coquilles antibruit. Ils y recommandent notamment que l’utilisation de tels outils soit encadrée par la recommandation de professionnels de la santé. Des questionnements sont en effet soulevés quant aux risques d’exacerber l’intolérance auditive de l’enfant, ou encore d’influencer négativement le développement des habiletés auditives chez l’enfant.
Toutefois, aucune étude ne permet à l’heure actuelle de se prononcer sur les risques associés au port des coquilles antibruit à long terme. Les réticences avancées découlent essentiellement d’études faites sur d’autres populations (adultes portant des bouchons d’oreilles de façon prolongée ; enfants ayant eu des privations auditives en lien avec des otites répétées). Or les conclusions de ces études sont-elles réellement représentatives de la réalité des enfants portant de façon occasionnelle des coquilles antibruit ?
La question est donc la suivante : est-il réaliste, dans un contexte où l’accessibilité aux services est problématique, particulièrement en régions éloignées, d’exiger la recommandation d’un professionnel de la santé ? Devrait-on se priver d’un outil pourtant si accessible et efficace ?
Bien qu’il demeure une nécessité de se questionner sur les besoins réels de l’enfant avant la mise en place de toute intervention, nous sommes d’avis que l’utilisation de coquilles antibruit, lorsque faite de façon informée, demeure une avenue qui représente plus de bénéfices que de risques pour les enfants.
Quand et comment utiliser les coquilles antibruits?
- Débuter en se posant la question suivante : l’enfant a-t-il réellement besoin d’utiliser des coquilles antibruit ? Est-ce que cette stratégie permet un meilleur engagement dans ses activités au quotidien ? Si la réponse est non, d’autres avenues seraient probablement à explorer.
- Il n’existe pas de données existant sur la durée recommandée du port des coquilles antibruits. Toutefois, celles-ci devraient toutefois être sur des périodes courtes et délimitées et identifiées comme étant difficiles pour l’enfant (ex. : le temps d’un examen, pendant une pause détente, lors d’un déplacement en autobus). Une balise de 15 à 20 minutes est souvent ce qui est recommandé par les ergothérapeutes.
- Attention au contexte ! Les coquilles antibruit ne devraient pas nuire d’une autre façon au développement de l’enfant, par exemple en limitant ses interactions sociales avec ses pairs (ex. : lors des périodes de jeu libre ou des repas) ou en le privant des consignes données par l’adulte.
- Un enfant ne devrait pas avoir besoin de porter des coquilles antibruit de façon soutenue et répétée pour pouvoir fonctionner au quotidien. Si un coco refuse de retirer ses coquilles ou les porte plusieurs heures par jour, cela suggère la présence de problématiques plus importantes sur le plan sensoriel. L’avis d’un ergothérapeute serait alors recommandé.
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Bonne lecture!
